France

Défense antimissile : Macron regrette que tous ne jouent pas le jeu de la «souveraineté européenne»

En même temps ? Tout en soulignant sa volonté de renforcer les relations franco-allemandes, Emmanuel Macron a déploré les initiatives de défense se faisant aux dépens de la «souveraineté européenne» – une pique qui pourrait faire référence à Berlin.

«Je sais, j’ai pu lire, que d’aucuns en Europe y réfléchissent. Mais la défense aérienne de notre continent est une question stratégique, solidaire, et aux multiples ramifications qui ne peut se résumer à la promotion d’une industrie nationale ou d’industries tierces aux dépens de la souveraineté européenne.»  

Depuis le hangar du porte-hélicoptères amphibie (PHA) Dixmude, amarré à Toulon, où il présentait la nouvelle revue nationale stratégique (RNS), Emmanuel Macron évoquait le risque pour l’Europe de faire face à des «frappes de missiles, de drones» et la réponse de certains pays à cette menace présumée. Partant, le chef de l’Etat a regretté que cette réponse ne s’inscrive pas dans le projet de Défense européenne qui lui est cher. «[La défense aérienne de l’Europe] mérite donc une approche inclusive, en profondeur, reposant sur une analyse stratégique et intégrant tout le spectre de notre défense. Nous proposerons et nous contribuerons», a ainsi poursuivi ce 9 novembre le Président français. 

Si le président français n’a pas désigné de pays coupable de manquer à l’esprit de Défense européenne, l’Allemagne pourrait avoir été dans son esprit : Berlin a en effet un projet de bouclier anti-missile international, avec notamment une composante israélienne, concurrent de celui de Paris et Rome.

Défense, Paris braqué par les prises d’initiatives de Berlin

Baptisé «European Sky Shield Initiative», ce projet annoncé fin août par le chancelier Olaf Scholz lors de son discours de politique générale européenne à Prague, a rencontré un franc succès au sein du Vieux continent. Pas moins de 13 pays européens se sont ralliés (dont le Royaume-Uni) à l’initiative allemande.


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La France, elle, n’avait pas répondu présent. Pour cause, son système sol-air moyenne portée/terrestre (SAMP/T) Mamba, développé avec l’Italie, n’a pas été retenu par les Allemands. Ces derniers penchent pour des systèmes israéliens Arrow 3 Iron Dome, qui iraient compléter leur propres systèmes Iris-T et les Patriot américains.

Au-delà d’un énième accroc à la vision que défend Paris de la Défense européenne, c’est surtout un camouflet pour des Français qui s’efforcent d’impliquer leurs voisins allemands dans chacun de leurs projets stratégiques. Des projets qui, dans le volet militaro-industriel, du chasseur du futur au blindé MGCS en passant par la modernisation du Tigre ou encore les patrouilleurs maritimes, piétinent quand ils ne tombent pas à l’eau.

Pour autant Paris semble encore y croire. Car malgré le désaveu du bouclier antimissile, ou encore le refus du chancelier allemand à sa proposition de l’accompagner en Chine, Emmanuel Macron n’a pas négligé Berlin lors de ce discours de trois quarts d’heure.

Couple franco-allemand, un partenariat à sens unique ?

Quelques minutes après sa pique, estimant que «nombre» des pays européens avec lesquels Paris entend «accroître significativement» ses partenariats «nous ont rejoints dans une approche française de la souveraineté et de la défense européenne», le président français a réitéré sa «volonté de renforcer les liens avec l’Allemagne».

Un «partenaire indispensable» selon lui, avec lequel la France est «engagée dans des programmes profondément structurants». Estimant que les forces armées des deux rives du Rhin sont «faites pour se combiner», le chef de l’Etat a également plaidé l’«excellence industrielle partagée», la «réalité opérationnelle» ainsi que l’«ambition stratégique» de Paris et de Berlin.

«De l’équilibre de notre partenariat dépend, je le crois aussi, pour partie la réussite du projet européen et je souhaite à cet égard que nous puissions obtenir des avancées décisives dans les prochaines semaines», a-t-il conclu ce volet franco-allemand d’une trentaine de secondes.

Ukraine : l’Allemagne dans les starting-blocks

Comme si les différences d’approches entre Paris et Berlin en matière de Défense européenne ne suffisaient pas, tout particulièrement quant au rôle que les Etats-Unis doivent y jouer à travers l’OTAN, l’éclatement du conflit en Ukraine a réveillé les ambitions allemandes.

Ambitions politiques et diplomatiques avec l’appel fin octobre d’Olaf Scholz, aux côtés de la présidente de la Commission européenne, à la création d’«un nouveau plan Marshall» pour reconstruire le pays. Le tout à la veille d’une réunion des pays donateurs à Berlin et d’une visite surprise à Kiev du président Frank-Walter Steinmeier. Des ambitions allemandes qui percent également sur le front militaire, et pas uniquement avec l’initiative d’un bouclier antimissile tourné vers la dissuasion russe.

Depuis février Olaf Scholz a ainsi sorti le carnet de chèques, afin de faire de la Bundeswehr «la plus grande armée conventionnelle d’Europe», non sans bousculer ses voisins outre-Rhin qui – comme aujourd’hui – aiment à rappeler qu’ils restent la première puissance militaire du continent.




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