Actualité

«Incompétence», «fébrilité» : les oppositions imputent la pénurie de carburants au gouvernement

La droite comme la gauche ont durement critiqué l'attitude des autorités dans le conflit en cours dans les raffineries et la pénurie qui en résulte. La première déplore un manque d'anticipation, la seconde une position trop favorable aux employeurs.

«Défaut d’anticipation» et «fébrilité» pour les différents courants de la droite, «menaces pour les salariés mais caresses pour les patrons» pour la gauche : divisées quant à l’appréciation du mouvement de grève reconduit dans les raffineries de Total et d’ExxonMobil le 11 octobre, les oppositions ont communément fustigé la responsabilité du gouvernement dans la crise actuelle de l’approvisionnement en carburants.

La droite pointe la «fébrilité» et l’inaction du gouvernement

Le président par intérim du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a déploré sur France 2 «un défaut d’anticipation» du gouvernement, alors que les grèves ont commencé depuis trois semaines et que l’Etat aurait pu selon lui réunir syndicats et employeurs autour de la table. Tout en jugeant que la demande d’augmentation de salaires portées par les grévistes n’était «pas illégitime» au regard du «contexte de superprofits de l’entreprise et du salaire du patron de Total», il a cependant estimé que cela ne justifie pas de «paralyser le pays». Jordan Bardella a appelé au besoin à «réquisitionner des salariés» pour éviter que pompiers, policiers ou infirmières soient empêchés d’exercer leurs fonctions.

«La majorité subit encore la loi d’une minorité», a déploré le leader du parti Reconquête! Eric Zemmour, qualifiant le mouvement de grève de «prise en otage des raffineries par la CGT». Selon lui, «un gouvernement normal mettrait fin à ces blocages immédiatement», mais tel n’est pas le cas dans «la France de Macron, qui n’anticipe ni ne décide».

Lors d’un point presse, le patron des députés Les Républicains (LR) a dénoncé la «chienlit» provoquée par la pénurie de carburant et déclaré que le gouvernement devait «mettre l’épée dans les reins des pétroliers». «Tout cela est totalement intolérable», a-t-il encore ajouté, déplorant que le gouvernement «laisse faire, laisse Total, qui lui-même procrastine». «Le gouvernement doit agir : c’est à lui de prendre ses responsabilités et de faire pression sur les pétroliers pour que les discussions aient lieu rapidement, que personne ne soit tenté de jouer la montre», a-t-il encore fait valoir.

«Nous appelons très clairement à ce que le gouvernement réquisitionne les salariés nécessaires pour assurer un service minimum pour que les besoins de la nation soient satisfaits», a exigé sur France Info le vice-président LR Gilles Platret, voyant dans l’action menée par la CGT celle d’une «corporation qui prend en otage un pays tout entier». Selon lui, «le gouvernement est très fragile, […] très fébrile et […] a peur d’un embrasement social».

A l’inverse, le leader des Patriotes Florian Philippot a déclaré le 10 octobre sur CNews ne pas être choqué par «des gens qui demandent un peu de justice et de partage» et a préconisé le retour à l’indexation des salaires sur l’inflation, un mécanisme abandonné au début des années 1980.

La gauche soutient les grévistes et fustige un gouvernement pro-patronat

«Avec ce gouvernement, quand le dialogue est bloqué, les menaces c’est pour les salariés et les caresses c’est pour les patrons», a critiqué sur Twitter le député LFI Manuel Bompard. Selon lui, «ce sont bien les directions qui ont pourri la situation en refusant toute négociation avant lundi [10 octobre]».

«Le plus hallucinant, chez Total, c’est même pas les 10 milliards de profits, ou les +52% du PDG. Non : après 10 jours de grève, le patron ne négocie toujours pas ! Comme si, en bas, on n’existait pas. Et le gouvernement se réveille pour dire : “réquisition des salariés”…», a abondé le député insoumis de la Somme, François Ruffin. Lors de la présentation de la motion de rejet préalable du budget 2023 à l’Assemblée nationale le 10 octobre, le député de Seine-Saint-Denis David Guiraud a quant à lui apporté le plein soutien de LFI aux grévistes. «Il n’y a pas de pénurie d’essence dans ce pays, mais une pénurie de solidarité, […] une pénurie de partage de richesses», a-t-il déclaré.

La socialiste Ségolène Royal a quant à elle estimé que «la crise Total conduisant à l’insupportable pénurie de carburant trouve son origine dans le refus du gouvernement de bloquer le prix de l’énergie et les marges spéculatives», amenant par conséquent «des profits scandaleux et leur distribution aux actionnaires». Pour l’ancienne ministre de l’Environnement, l’action du gouvernement dans ce dossier peut se résumer par le triptyque «incompétence, inertie et idéologie». Elle avait dénoncé, dans un précédent message, les «provocations» que constituent selon elle le versement de dividendes exceptionnels aux actionnaires de TotalEnergies et l’augmentation de salaire de son PDG. 

Inquiet des répercussions d’un conflit qui se prolonge, le gouvernement a appelé le 11 octobre à la levée «sans délai» des blocages des dépôts de carburants, en menaçant d’«intervenir» pour mettre fin au mouvement, a déclaré sur RTL son porte-parole Olivier Véran. «Nous mettons tout en œuvre pour que cette situation s’arrête», a-t-il ajouté au lendemain d’une réunion d’urgence à Matignon, en évoquant la possibilité de procéder à des réquisitions des personnels grévistes.




Pénuries de carburants : la grève reconduite, le gouvernement menace de débloquer les raffineries


Source

Leave a Reply

Your email address will not be published.

Back to top button