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Les 230 migrants de l’Ocean Viking de SOS Méditerranée accueillis «à titre exceptionnel» en France

Après le refus de l’Italie d’accueillir le navire humanitaire, la France lui a ouvert le port de Toulon. Un accueil «exceptionnel» selon Gerald Darmanin, qui annonce qu’«un tiers» des migrants à bord seront «relocalisés» en France.

L’Ocean Viking va être accueilli le 11 novembre à Toulon «à titre exceptionnel», a annoncé ce 10 novembre le ministre de l’Intérieur, Gérald Darminin, qui a critiqué le «choix incompréhensible» selon lui de l’Italie de ne pas accepter le navire humanitaire avec 230 migrants à bord.

«J’ai bien précisé, à la demande du président de la République, que c’est à titre exceptionnel que nous accueillons ce bateau, au vu des quinze jours d’attente en mer que les autorités italiennes ont fait subir aux passagers», a déclaré le ministre à l’issue du Conseil des ministres. Il a en outre critiqué le «choix incompréhensible» de l’Italie de ne pas accueillir le navire.

«Un tiers» des migrants à bord seront «relocalisés» en France, a poursuivi Gérald Darmanin, et ceux qui ne répondront pas aux critères de demandeurs d’asile «seront reconduits directement», a-t-il ajouté, sans plus de précisions.

Plusieurs évacuations pour raisons sanitaires

Le 10 novembre, quatre migrants sur les 234 que comptait le navire, dont trois pour des raisons médicales et un accompagnant, ont été évacués vers Bastia (Corse) depuis l’Ocean Viking. Les opérations de secours se sont déroulées en fin de matinée : un hélicoptère de l’armée de l’air avec une équipe médicale à bord a décollé vers 11h de la base de Solenzara en Corse pour aller récupérer les patients qui devaient «être évacués vers l’hôpital de Bastia», a détaillé auprès de l’AFP le capitaine de frégate Pierre-Louis Josselin, porte-parole de la préfecture maritime.


SOS Méditerranée sollicite l’aide de la France, l’Espagne et la Grèce pour débarquer 234 migrants

L’un de ces patients «est instable et ne réagit pas aux soins prodigués à bord depuis le 27 octobre. Les deux autres ont subi des blessures en Libye qui, en raison du long délai de traitement, risquent maintenant d’avoir des conséquences négatives à long terme», a détaillé une porte-parole de SOS Méditerranée, qui affrète l’Ocean Viking, auprès de l’AFP.

L’Ocean Viking a récupéré ces migrants, pour certains il y a presque trois semaines, entre la Libye et l’Italie, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe sur des embarcations légère. L’ONG, dont le siège est à Marseille, s’était inquiétée le 10 novembre au matin de n’avoir «toujours pas reçu d’instruction désignant un port en France pour le débarquement des rescapés».

Pierre d’achoppement entre Paris et Rome

La veille, la tension était montée d’un cran entre la France et l’Italie autour de l’Ocean Viking, Paris dénonçant le refus «inacceptable» de Rome – qui souhaite mettre une politique sélective d’accueil des migrants – de le laisser accoster, comme le prévoit le droit maritime international, et Bruxelles appelant au débarquement immédiat de tous les migrants. La Commission européenne a estimé le 9 novembre que «la situation à bord du navire [avait] atteint un niveau critique et [devait] être résolue de toute urgence pour éviter une tragédie humanitaire».

Trois autres bateaux d’ONG ont eux réussi à débarquer les migrants secourus, quelque 800 personnes. A quai à Catane depuis le 6 novembre, le Geo Barents de Médecins sans frontières (MSF) et Humanity 1 de l’ONG allemande du même nom ont finalement pu débarquer la totalité de leurs passagers le 8 novembre au soir, après un premier refus des autorités italiennes d’accepter toutes ces personnes.

Plus de 88 000 migrants arrivés en Italie depuis le début de l’année

Au départ les autorités italiennes n’avaient accepté que les femmes, enfants et personnes malades, un tri décrit par Rome comme un moyen de pression sur l’UE pour qu’elle aide davantage l’Italie. Le Rise Above a, lui, débarqué la totalité de ses 89 rescapés en Calabre.

Depuis juin, un système de relocalisation, qui avait déjà connu un premier volet en 2019, prévoit qu’une douzaine d’Etats membres, dont la France et l’Allemagne, accueillent de manière volontaire 8 000 migrants arrivés dans des pays comme l’Italie, proche des côtes libyennes.

Cependant, seuls 164 migrants ont été relocalisés en 2022 d’Italie vers d’autres Etats membres, dont 117 en vertu du mécanisme adopté en juin. Un nombre insuffisant, juge l’Italie qui affirme que quelque 88 100 migrants sont arrivés sur ses côtes depuis le 1er janvier, dont seulement 14% via des navires humanitaires.




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