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Depuis Bahreïn, le pape tente de resserrer les liens avec le monde musulman

Lors d'un déplacement à Bahreïn, le souverain pontife a rencontré des responsables politiques et religieux sunnites et des membres de la communauté chrétienne. Fidèle à son discours œcuménique, le pape François a prôné un dialogue interreligieux.

Le pape François est de retour au Moyen-Orient. Après des déplacements aux Emirats arabes unis en février 2019 et en Irak en mars 2021, il s’est rendu à Bahreïn pour une visite de quatre jours du 3 au 6 novembre. 

Pour le souverain pontife, Bahreïn n’est pas une destination anodine. Monarchie musulmane insulaire de 1,4 million d’habitants, elle a noué des relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 2000 et compte quelque 80 000 catholiques selon le Vatican, principalement des étrangers venus en majorité d’Asie. Les autorités bahreïnies ont également inauguré en décembre 2021 la plus grande cathédrale du Golfe, Notre-Dame d’Arabie.

Séparé de 25 kilomètres des côtes saoudiennes, le Bahreïn est devenu en quelque sorte un lieu de pèlerinage pour les 1,5 million des chrétiens vivant en Arabie saoudite. Malgré les discussions à ce sujet, il n’y a toujours pas d’église dans le royaume wahhabite.

Appel au renforcement du dialogue avec l’islam

Suivant une logique œcuménique, le voyage du pape François s’inscrit dans la continuité de son pontificat avec une ouverture et un appel à un dialogue entre les religions. Il a en effet participé au «Forum du Bahreïn pour le dialogue» le 4 novembre au palais royal Sakhir à Awali en compagnie du grand imam d’Al-Azhar, le cheikh Ahmed Al Tayeb, et le roi du Bahreïn Hamad ben Isa Al Khalifa.


En Irak, le pape François Ier et l’ayatollah chiite al-Sistani s’engagent pour la «paix»

Dans son discours de clôture, le souverain pontife a mis en exergue les divisions entre l’Orient et l’Occident qui «ressemblent de plus en plus à deux mers opposées». «Nous, au contraire, sommes ici réunis parce que nous voulons naviguer sur la même mer, en choisissant la voie de la rencontre plutôt que celle de l’affrontement», a-t-il déclaré. 

Fidèle à son discours de paix, le pape François a tout de même appelé l’islam à un examen de conscience et l’a encouragé à être plus cohérent. «Il ne suffit pas de dire qu’une religion est pacifique, il faut condamner et désigner les violents qui abusent de son nom. Et il ne suffit pas non plus de prendre ses distances avec l’intolérance et l’extrémisme, il faut agir dans le sens contraire», a précisé le chef de l’Eglise catholique. 

Compte tenu de ses bons rapports avec le grand imam de l’université d’Al-Azhar (l’institution est considérée comme la plus haute autorité de l’islam sunnite), avec lequel il avait signé un document historique sur la fraternité humaine à Abou Dhabi en 2019, le pape François a appelé de ses vœux un dialogue entre les deux principales branches de l’islam. Une requête qui semble avoir été entendue par le cheikh Ahmed Al Tayeb.

Au côté du souverain pontife, le leader sunnite a lancé «une invitation» au dialogue à ses «frères musulmans chiites».En mars 2021, lors de son voyage historique dans la ville irakienne de Nadjaf, il avait rencontré le grand ayatollah chiite Ali Al-Sistani en promouvant également un dialogue de paix entre les différentes communautés. 

Des chrétiens du monde entier pour voir le pape

Outre son souhait de parvenir à un dialogue interreligieux pacifié, lors de son voyage à Bahreïn, le souverain pontife a participé à une rencontre œcuménique et à une prière pour la paix à la cathédrale Notre-Dame d’Arabie.

Mais c’est surtout la messe du 5 novembre qui a fait le tour du monde. Devant une foule en liesse de 30 000 croyants, le pape François a célébré une cérémonie religieuse dans le stade national de Bahreïn à Riffa. Plus de 110 nationalités se sont réunies pour assister à l’événement, notamment des travailleurs étrangers asiatiques, des expats libanais travaillant dans le Golfe mais également des chrétiens résidant dans les pays voisins. Pas moins de 2 000 chrétiens saoudiens ont fait le déplacement pour l’occasion.

Devant un stade comble, le souverain pontife a appelé les croyants à passer outre les difficultés en devenant des messagers de la paix. «[Dieu] voit et souffre en constatant de nos jours, dans tant de régions du monde, des exercices du pouvoir qui se nourrissent d’oppression et de violence, et qui cherchent à accroître leur espace en restreignant celui des autres, en imposant leur domination, en limitant les libertés fondamentales et en opprimant les faibles», leur a-t-il lancé. Il a également enjoint de «briser la spirale de la vengeance, en désarmant la violence, en démilitarisant le cœur».  

A ce titre, plusieurs manifestants munis de pancartes ont tenté de délivrer un message politique avant d’être expulsés par la police, peu avant une rencontre du souverain pontife avec des jeunes dans la capitale Manama, a rapporté à l’AFP Sayed Alwadaei, directeur de l’ONG Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD), basée à Londres. les protestataires réclamaient ainsi la libération de leurs proches emprisonnés. 

La petite monarchie de Bahreïn est régulièrement accusée de restreindre les droits de la communauté chiite, pourtant majoritaire sur son territoire. Le souverain pontife aurait tout de même glissé quelques mots à ce sujet au roi Hamad ben Isa Al Khalifa.




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