Economie

Nucléaire : EDF contraint de revoir à la baisse son estimation de production pour 2022

En raison de la mise à l’arrêt prolongée de quatre de ses réacteurs, ainsi que d’un mouvement social, l’énergéticien français EDF a revu ses estimations de production à la baisse.

Nouveau coup dur pour EDF : le groupe a en effet revu à la baisse son estimation de production nucléaire pour l’année 2022, en raison d’un arrêt plus long que prévu de quatre réacteurs pour des problèmes de corrosion, et du fait d’un mouvement social.

Jusqu’ici, EDF prévoyait de produire entre 280 et 300 térawattheures (TWh) en 2022. Désormais, la fourchette, qui avait déjà été abaissée depuis le début de l’année, devrait plutôt se situer entre 275 et 285 TWh, selon un communiqué de l’entreprise publié le 3 novembre sur son site.

Les quatre réacteurs concernés par une mise à l’arrêt prolongée sont Cattenom 1 et 3, Penly 2 et Chooz B1. Les réouvertures de Chooz B1 et Penly 2 ont été décalées au 29 janvier 2023, alors que ces réacteurs devaient redémarrer respectivement les 13 et 23 novembre prochains. Cattenom 1 et 3, qui devaient initialement être relancés les 17 novembre et 11 décembre, ont vu leur reprise décalée au 26 février 2023.

Recul record de la production électrique nucléaire

EDF n’a pas fait de commentaires sur l’impact financier possible sur les résultats du groupe. La semaine dernière, le géant de l’énergie avait estimé que le recul record de sa production électrique allait peser à hauteur de 32 milliards d’euros sur son excédent brut d’exploitation (Ebitda), un indicateur comptable de la rentabilité.


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Sa production d’électricité est en effet à un niveau historiquement bas en raison de l’indisponibilité de près de la moitié des 56 réacteurs du parc nucléaire – 29 seulement sont opérationnels –, à l’arrêt pour des maintenances prévues ou des problèmes de corrosion soupçonnés ou avérés.

Pour ne rien arranger, le mouvement social de l’automne dans les centrales a entraîné des baisses de production nucléaire ou des reports de travaux pour certains réacteurs. Mi-octobre, la direction avait repoussé le redémarrage de cinq d’entre eux dans un contexte de grève pour les salaires sur certains sites, avant qu’un accord ne soit signé deux semaines plus tard. Cette grève avait causé des baisses de production d’électricité et entraîné des retards sur le calendrier des travaux du parc nucléaire.

Sur les neuf premiers mois de l’année, la production nucléaire en France s’élevait à 209,2 TWh, soit 59 TWh de moins qu’à la même période en 2021. Les estimations pour 2023 et 2024 sont quant à elles maintenues, respectivement de 300-330 TWh et de 315-345 TWh, a précisé EDF le 3 novembre.

EDF dans une situation délicate, à la veille de l’hiver

Dans ce contexte, l’arrivée du futur PDG Luc Rémont, qui doit intervenir mi-novembre selon le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, s’annonce mouvementée. Fin octobre, le nouveau dirigeant a présenté son plan pour surmonter la «crise sérieuse» que traverse l’électricien. Il a décrit une situation «critique à court terme», évoquant une crise «d’ordre technique et industrielle». Sa priorité sera donc de permettre le redémarrage d’un maximum de réacteurs pendant l’hiver pour éviter des coupures quand les Français allumeront leurs radiateurs.

Il aura également la lourde charge de relancer le nucléaire, le gouvernement voulant construire au moins six nouveaux réacteurs EPR2. La situation financière d’EDF est aussi source d’inquiétude puisque la dette pourrait atteindre 60 milliards d’euros à la fin de l’année. Le groupe, détenu à 84% par l’État et bientôt renationalisé à 100%, a présenté par ailleurs la semaine dernière un chiffre d’affaires en hausse de 78% sur neuf mois à 101,5 milliards d’euros contre 57 milliards par rapport à la même période en 2021, mais ce n’est que le reflet mécanique de la hausse des prix du gaz et de l’électricité sur les marchés.

En raison des difficultés des opérateurs d’énergie alternatifs, près d’un million de clients sont revenus chez EDF en un an. Mais cela a contraint le groupe à racheter sur les marchés à prix d’or une électricité qu’elle n’a pas, alors que l’entreprise a dû vendre en 2022 plus d’électricité nucléaire à bas prix à ses concurrents, à travers le mécanisme de l’Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique), afin de se conformer à la politique énergétique de l’Union européenne.




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